Les ensembles Sul Fiato et Saint Thomas
4 avril 2013 et 14 avril 2013
Requiem de Gabriel Fauré
Gallia de Charles Gounod
Les menaces de l'invasion allemande incitèrent Gounod à s'expatrier avec sa famille. Il séjourna à Londres de 1870 à 1875. Gallia est le résultat d’une commande que Charles Gounod composa, en 1871, à l’occasion de l’Exposition universelle de Londres. Les malheurs engendrés par la guerre de 1870 lui inspirèrent cette élégie biblique, dont les paroles sont extraites des lamentations de Jérémie. La situation de Paris est comparée à celle de l’ancienne Jérusalem détruite par Nabuchodonosor II en 597 Av. J. C.
N° 1 introduction et chœur Quomodo sedet sola civitas ; |
Elle est à l’écart, la ville qui comptait un peuple nombreux ! |
N° 2 Cantilène Viae Sion lugent eo |
Les routes de Sion sont en deuil, |
N° Solo et choeur
O vos omnes Vide, Domine, afflictionem meam, |
O vous tous Vois, Seigneur, quelle est mon angoisse, |
N° 4 Final
Jerusalem, convertere ad Dominum Deum tuum. |
Jérusalem, reviens vers le Seigneur, ton Seigneur Dieu ! |
Composé à la suite du décès successif de ses parents, le Requiem de Gabriel Fauré fut achevé, dans sa première version, au début de 1888, et immédiatement créé à l’Eglise de la Madeleine le 16 janvier. Il fera l’objet de plusieurs remaniements, dont l’un, assez important en 1892.
L’œuvre est, par bien des aspects, parfaitement atypique dans le corpus des requiem français, bien qu’on puisse y voir l’aboutissement d’une nouvelle esthétique de la musique funèbre amorcée par Chérubini en 1837, et réaffirmée, après Liszt, par Saint-Saens en 1878.
La structure de l’œuvre étonne tout d’abord, car elle est fort éloignée du modèle généralement adopté par ses prédécesseurs. Ne comprenant ni Graduel, ni Prose, ni Benedictus et, dans la version originale, pas d’Offertoire, elle inclut en revanche le traditionnel Pie Jesu pour l’Élévation, ainsi que l’antienne In Paradisum chantée après l’absoute. Quant au Libera me, il s’agit d’une composition antérieure que le compositeur n’ajouta au Requiem qu’en 1892.
Ce schéma original, de même que la liberté avec laquelle Fauré dispose du texte liturgique, mettent en lumière la conception très personnelle – et peu académique - que le compositeur a de la messe des morts.
Le soin scrupuleux avec lequel il évite toute connotation dramatique illustre son intention d’écrire, selon ses propres termes, une « berceuse de la mort ». Bien que l’adjonction d’un baryton solo et de cuivres en 1892, en ait sensiblement modifié la couleur, il est évident que le climat instauré par Fauré dans cette œuvre tient plus de l’angélisme que du satanisme évoqué par nombre de ses prédécesseurs.
Si la simplicité et la souplesse des lignes mélodiques témoignent de sa bonne connaissance du plain-chant, le jeu parfaitement maitrisé des subtilités harmoniques, permettant d’infléchir instantanément le climat d’un morceau, doivent beaucoup à Saint-Saëns.
Il s’agit donc bien là d’un des requiem les plus originaux de tout le XIX° siècle, en complète rupture avec la tradition du requiem romantique.
Fauré dit de son œuvre : « Mon requiem a été composé pour rien….pour le plaisir, si j’ose dire…..Peut-être ai-je ainsi, d’instinct cherché à sortir du convenu, voilà si longtemps que j’accompagne à l’orgue des services d’enterrement ! J’en ai par-dessus la tête. J’ai voulu faire autre chose. »